Réforme Chatel: Aphatie a déjà oublié l'histoire-géo
Tout occupé à interroger le porte-parole du gouvernement sur la campagne de vaccination contre la grippe A, Jean-Michel Aphatie a oublié de questionner Luc Chatel, accessoirement ministre de l'Education nationale, sur la suppression de l'Histoire-géograprie dans les classes de terminale.
TVA sur la restauration, campagne de vaccination contre la grippe A, vaccination ou non du ministre, journée de grève dans le primaire et le secondaire… Invité ce matin de Jean-Michel Aphatie sur RTL, le ministre de l’Education nationale Luc Chatel a abordé nombre de sujets. Sauf, précisément celui de l’éducation nationale. Et pourtant un point aurait mérité de retenir l’attention d'Aphatie et au minimum une réaction du ministre : dans « sa » réforme du lycée, Luc Chatel a annoncé que l'Histoire Géographie ne sera plus obligatoire en terminale S (scientifique) mais simplement optionnelle. Dans une logique de plus grande spécialisation, il semblerait que le gouvernement considère que cette matière n'est plus vraiment indispensable pour les scientifiques.
L'identité nationale sans l'histoire
Un avis que ne partage pas du tout Jacques Sapir, professeur à l’EHESS qui fustige le « caractère démagogique » de la mesure. Pour celui-ci, il est évident que dans la filière scientifique très peu d'élèves choisiront l'option Histoire et Géographie — fortement chronophage. Inquiétant pour ces enseignements fondamentaux et plus généralement pour le sort qui attend les Humanités lorsque l'on sait que 50 % des lycéens choisissent la filière scientifique. Du côté du ministère de l'Éducation, on objecte que la réforme souhaite justement combattre la suprématie exagérée de la série scientifique, devenue au fil du temps une série d'excellence « passe-partout ». Cela passerait donc par un recentrage des séries autour de leurs fondamentaux. Subtil.
Il est au moins légitime de s’interroger sur le paradoxe d’une politique gouvernementale qui prétend et fait savoir son souci de faire de la conscience nationale une priorité, tout en retirant à la moitié des élèves de Terminale l’enseignement de ce qui en constitue les fondamentaux.
Il est au moins légitime de s’interroger sur le paradoxe d’une politique gouvernementale qui prétend et fait savoir son souci de faire de la conscience nationale une priorité, tout en retirant à la moitié des élèves de Terminale l’enseignement de ce qui en constitue les fondamentaux.
Mardi 24 Novembre 2009
Régis Soubrouillard - Marianne