Le procès des insurgés de Cayenne. Nantes. Cour d'assises. 1931", jusqu'au 26 juin 2011 aux Archives départementales de Loire-Atlantique.

Publié le par loic Bureau

(et pour ceux qui ne l'ont pas encore vue, une idée de visite pendant les vacances de Février )

 

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Exposition présentée du 9 février au 26 juin 2011 aux Archives départementales de Loire-Atlantique

 

9 mars 1931. La cour d’assises de Loire-Inférieure s’ouvre sur un procès exceptionnel. Quatorze Guyanais font face à douze jurés du département. Ils sont accusés de meurtres et de pillages en bande commis à Cayenne en août 1928 après la mort suspecte de Jean Galmot, un ancien député de Guyane porteur de beaucoup de leurs espoirs. Inculpés, ils ont été transportés en métropole « pour cause de sûreté publique »  et ont passé de longs mois à la maison d’arrêt de Nantes, le temps d’une instruction judiciaire lente et minutieuse.


21 mars 1931. Après deux semaines de débats passionnés, sous le regard de la presse et de la foule des curieux, les jurés prononcent l’acquittement des accusés. La cohorte des avocats nantais et parisiens, par des plaidoiries retentissantes, a fait basculer le procès : cette affaire criminelle de droit commun est devenue le procès de la fraude électorale au sein des colonies. Par ce verdict d’apaisement, les jurésont fait droit à l’idée d’égalité politique des citoyens au sein du système colonial.Libres, les acquittés reçoivent alors d’immenses marques de soutien, avant de s’embarquer à Saint-Nazaire le 9 avril, direction Cayenne.

 

L’exposition fait revivre cet événement judiciaire exceptionnel. Elle se présente comme une pièce en trois actes : l’évocation d’une colonie lointaine, la machine judiciaire nantaise, le moment éclatant, sonore et dramatique des douze jours d’audience au palais de justice.

 

Documentaire de France5 sur le sujet

Dimanche 21 mars 2010 à 21.30 (Inédit) Vendredi 26 mars 2010 à 23.50

Les Insurgés de Cayenne, le Premier Procès colonial à Nantes
     A Nantes, le 9 mars 1931, s'ouvre le procès de quatorze citoyens français de Guyane jugés pour assassinats et pillages en bande les 6 et 7 août 1928 à Cayenne. Retour sur l'une des affaires les plus importantes de l'entre-deux-guerres où des hommes ont lutté pour s'affranchir de l'esclavage politique et ont dénoncé avec force le système colonial.

     
Pourquoi, les 6 et 7 août 1928, la population de Cayenne s'est-elle révoltée ? Comment deux femmes et douze hommes, de 27 à 68 ans, se sont-ils retrouvés accusés de meurtres et de pillage en bande devant la cour d'assises de Nantes en 1931 ?

En 1928, la Guyane française hérite des bagnards et autres rejetés de la République. Elle subit aussi la tyrannie de trois hommes avides de pouvoir et d'argent : le maire de Cayenne, Eugène Gober ; le gouverneur de la colonie assujetti à Paris ; le député blanc Eugène Lautier, parachuté le temps de la campagne électorale. Miséreuse, la population reporte alors tous ses espoirs sur Jean Galmot. Cet entrepreneur humaniste, qui se bat depuis plusieurs années contre l'esclavage politique, pour l'égalité citoyenne et économique, se représente aux élections législatives. Mais les résultats du scrutin, truqués, donnent Lautier vainqueur. Le décès suspect de Galmot, quelques semaines après la validation des votes par la Chambre des députés, provoque un déferlement de violence à Cayenne. Six personnes sont lynchées par la foule et tuées. Révolte spontanée ou soulèvement organisé par un comité secret pour détruire les partisans de Gober et s'emparer du pouvoir ?
            Un procès retentissant


            Pour éviter de nouveaux heurts, le tribunal de Cayenne est dessaisi au profit de celui de Nantes, dans un souci d'impartialité. Fin septembre 1929, après une traversée de vingt jours, quarante-cinq personnes sont écrouées dans l'ancien port négrier.
             Pendant la détention provisoire, la presse locale donne une image très négative des quatorze inculpés finalement retenus : des êtres frustes aux mœurs débridées, à demi sauvages, extrémistes et violents.
         Au cours des douze jours d'audience, les avocats de la défense, dont Henry Torrès, Alexandre Fourny et Gaston Monnerville, vont faire prendre conscience aux jurés, mais aussi à la France entière, que les Guyanais n'étaient pas considérés comme des citoyens à part entière, mais de seconde zone.
         Dans une plaidoirie remarquée, Gaston Monnerville donne une orientation politique au procès en parlant d'esclavage et de colonialisme.
         L'acquittement est prononcé : les accusés étaient donc des boucs émissaires ; la Guyane, gangrenée par la fraude ; et les crimes, la conséquence du truquage des élections ! On reconnaît enfin les droits des colonisés. Le suffrage universel et les valeurs républicaines retrouvent enfin tout leur sens.

Ariane Dadier

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