Intervention de Martine Trémège, représentante de la Régionale de l’APHG au conseil de l’ONAC de la Vendée
Intervention de Martine Trémège,
représentante de la Régionale de l’APHG au conseil de l’ONAC de la Vendée
Depuis 2001, une convention de partenariat unit l’APHG et l’Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre (ONAC). Dans chaque département, un membre de notre association siège au conseil départemental pour les Anciens combattants et victimes de guerre et la Mémoire de la Nation.Voici l’intervention faite au nom de l’APHG par Martine Trémège le jeudi 26 mai lors de l’installation du conseil de l’ONAC de la Vendée.
Jeudi 26 mai 2011, installation du conseil départemental pour les Anciens combattants et victimes de guerre et la Mémoire de la Nation, Préfecture de la Roche sur Yon
Monsieur le Préfet
Monsieur le directeur des services départementaux de l’ONAC
Mesdames et Messieurs
C’est très volontiers que j’ai accepté la demande de Monsieur Daverdisse d’intervenir devant vous ce matin car j’ai vu là l’opportunité de vous présenter quelques-uns des liens étroits qui peuvent se tisser entre les professeurs d’histoire géographie et le conseil départemental pour les Anciens combattants et victimes de guerre et la Mémoire de la Nation. Cela me permet de vous présenter plus particulièrement l’une de nos collaborations les plus fécondes, la mise en œuvre du CNRD dont on fête en 2011 le 50è anniversaire en tant que concours national. Un concours qui avait trouvé ses origines bien avant 1961 dans notre département.
Ainsi donc, c’est dans le cadre de la convention de partenariat signée en 2001 entre deux institutions « antiques et respectables », l’ONAC créée en 1916 et l’APHG, son ainée créée elle en 1910, que j’ai fait mon entrée dans ce conseil départemental en 2002. J’y étais nommée comme représentante de l’APHG des Pays de la Loire.
Depuis sa création, l’APHG regroupe étudiants, enseignants du secondaire et de l’université actifs et retraités dans le but de défendre et de promouvoir l’enseignement de l’histoire, la géographie et l’éducation civique dans le système éducatif, considérant que nos disciplines jouent un rôle primordial dans la formation de l’individu et l’éducation à la citoyenneté.
Dans cette optique, la mise en œuvre d’actions pédagogiques sur la mémoire des conflits du XXè, outre le fait que ces questions sont inscrites dans les programmes de l’enseignement secondaire répond parfaitement à cette mission de formation du citoyen et donc avant même que la convention de partenariat ne fut signée, une collaboration s’était établie entre enseignants et services de l’ONAC. La Vendée est un bon exemple de cette collaboration ancienne. Les services de l’ONAC dirigés par monsieur Daverdisse sont pour les enseignants une excellente ressource pour disposer d’expositions sur les guerres contemporaines, pour mettre en contact élèves et témoins et acteurs de ces périodes, pour établir des liens avec les associations du monde combattant et surtout pour préparer le CNRD.
C’est en voulant préparer le CNRD avec mes élèves du collège G Chaissac de Pouzauges que j’ai pris contact pour la première fois avec les bureaux de la cité Travot. A partir de ce jour, comme tirant le fil d’un immense écheveau j’ai pris la mesure de la richesse et de la diversité des ressources qui pouvaient être mises à ma disposition et de l’intérêt que ce concours pouvait avoir pour mon enseignement. N’étant pas vendéenne d’origine, j’y ai pu rencontrer des témoins et acteurs vendéens : ils m’ont apporté des connaissances, mais surtout ils ont accepté d’intervenir dans mes classes ce qui m’a permis d’introduire une dimension d’histoire locale et surtout une inestimable dimension humaine dans mon cours général sur la 2è guerre mondiale, j’ai eu la chance de pouvoir mettre mes élèves en contact avec Messieurs Marceteau, Flerschinger, Prouteau et Guilbaud et Madame Roux. Mon exemple est loin d’être un cas isolé en Vendée.
En Vendée, le CNRD occupe une place exceptionnelle à plusieurs titres, d’abord parce qu’il y tire ses origines. Même si d’autres départements essaient de s’en attribuer la paternité, Monsieur le colonel Prouteau président du comité départemental du Concours en défend sans relâche l’historique.
Sous son contrôle, je peux dire qu’en 1957, à Luçon, Armand Giraud, résistant déporté, Monsieur Brizard, professeur d’histoire au lycée, Monsieur Goisset également professeur à Pétré et Monsieur Bousseau ancien déporté ont l’idée de réunir les élèves des écoles de la ville afin de témoigner devant eux de ce que furent la Résistance et la Déportation, d’organiser ensuite un concours et de récompenser les meilleures copies. L’expérience est un succès et en 1958, d’autres villes (La Roche, Fontenay, Les Sables) demandent à participer, le concours commence dès lors à prendre une forme départementale, les concurrents sont nombreux. La remise des prix présidée par monsieur le Préfet et monsieur l’inspecteur d’académie prend une tournure plus officielle.
Le succès de ce concours a perduré et le nombre des participants reste encore aujourd’hui une source d’envie pour les autres départements de l’académie.
A partir de 1962, afin d’organiser de manière efficace, la distribution des prix, un comité départemental du concours scolaire de la résistance et de la déportation est créé par les trois associations partie prenantes : UDCVR, FNDIRP, UNADIF, la présidence en est confiée à Monsieur Giraud, à qui Monsieur Prouteau a succédé en 1987.
Pendant ce temps, l’idée d’un concours scolaire visant à associer les jeunes à la commémoration de la libération et à préserver la mémoire des idéaux de la résistance faisait son chemin et d’autres départements ont connu les mêmes initiatives que la nôtre.
Aussi, en 1961, face à la multiplication des initiatives départementales, Lucien Paye, ministre de l’éducation nationale, signe une circulaire qui institue un concours annuel de la résistance dont la première remise des prix doit coïncider avec l’inauguration du mémorial de la déportation dont la construction a été décidée à Paris. Les jeunes sont associés à la construction de ce mémorial car une souscription nationale est lancée dans les collèges et lycées.
La circulaire de Lucien Paye du 11 avril 1961 précise aussi que le concours doit être réservé aux élèves âgés de 15 ans au moins. Le ministre prévoit même la date et la forme de la préparation en indiquant « d’autre part, je souhaite qu’à une date aussi rapprochée que possible du 30 avril 1961, Journée des Déportés, une causerie sur la Résistance et la déportation soit faite aux élèves pendant les cours de morale ou d’instruction civique. » J’ai découvert en préparant cette intervention que j’étais en quelque sorte destinée à ce concours, puisque le 30 avril 1961, c’est aussi le jour de ma naissance.
En 1961, le sujet établi par un jury national était formulé de la sorte : « Vous avez entendu parler d’un événement se rattachant à l’histoire de la résistance. Faites-en le récit et dites brièvement quels sentiments il vous inspire. »
Si les sujets ont été chaque année différents, ils ont toujours conservé ces dimensions de mémoire, d’histoire et d’éducation du citoyen auxquels les associations fondatrices du concours étaient tant attachées. Je ne résiste donc pas à l’envie de vous lire l’introduction d’une copie primée en 1961, celle de Jean Philippe Genet, aujourd’hui grand historien spécialiste d’histoire médiévale, élève au lycée Louis Le Grand à cette époque.
Je vous mets là en situation de membres du jury départemental du concours, au moment où, par la lecture à voix haute, nous choisissons les copies susceptibles d’être sélectionnées pour un prix national.
Extrait copie J P. Genet p 16 du n°64 de la Lettre de la Fondation de la Résistance, mars 2011.
En 50 ans, le concours, sans jamais perdre ses finalités, s’est modifié dans son organisation. Et cette évolution a aussi été le fruit de la collaboration étroite entre les associations et les enseignants d’histoire géographie représentés au jury national par l’APHG (toujours elle!).
C’est le rôle des enseignants de veiller à ce que la forme du concours s’adapte au mieux aux évolutions des programmes, des méthodes et supports pédagogiques, aux exigences des examens préparés par les élèves (brevet des collèges, baccalauréat), c’est le rôle de l’APHG de veiller à ce que les thèmes choisis tiennent compte des dernières avancées historiographiques.
En 2011, le thème portait sur la répression de la résistance par les autorités d’occupation et le régime de Vichy. Le thème prévu pour 2012 portera sur la résistance dans les camps de concentration.
Ainsi depuis 1997, il n’est plus proposé qu’un seul thème commun aux classes de collèges et de lycées, c’était cette année-là « les femmes dans la résistance ».
A l’initiative de l’inspecteur général Louis François, par ailleurs résistant déporté, les mémoires collectifs sont proposés à partir de 1979, auxquels viennent s’ajouter des mémoires audiovisuels depuis 2008. 3 catégories sont proposées aujourd’hui aux candidats (3 aux collégiens, 3 aux lycéens).
A propos d’organisation, l’autre spécificité de la Vendée c’est de disposer « d’une équipe bien rodée » pour citer encore une fois Monsieur Prouteau.
A toutes les étapes de la mise en œuvre du concours, travaillent chaque année en étroite et cordiale collaboration les enseignants, bases de l’édifice, car ils ont la charge de motiver et de préparer les élèves, les associations réunies dans le comité départemental car elles se chargent de financer et de préparer les prix qui sont remis aux lauréats et le voyage en Normandie qui leur est également offert, le tout orchestré par l’inspecteur d’académie qui organise l’épreuve et préside le jury départemental et vous-même monsieur le préfet qui donnait du lustre à la cérémonie en recevant les lauréats le 18 juin dans les salons de la préfecture.
A ces acteurs fidèles et motivés, viennent se joindre d’autres partenaires qui contribuent pour les uns au financement des prix, ONAC, Conseil Général, Ville de la Roche sur Yon, UNC pour ne citer que les principaux, et pour certains à la préparation des enseignants, préalable nécessaire au lancement du concours. C’était déjà le rôle de l’ONAC comme je l’indiquais au début de mon propos, c’est depuis 2010 aussi celui des Archives départementales, qui à l’initiative de monsieur Heckmann et de son équipe, ont préparé des dossiers à destination des enseignants sur le thème du concours.
Il n’est donc pas étonnant que la dernière spécificité de la Vendée en ce qui concerne le CNRD, soit le nombre important de participants. Chiffre qui nous place chaque année en tête des 5 départements des pays de la Loire et à un rang très enviable au niveau national.
Si l’on observe les 10 dernières années, et même si le nombre de participants vendéens est passé de 986 en 2001 à 761 en 2011, il correspond à la participation de 36 établissements en 2011 alors qu’ils n’étaient que 30 en 2001.
A l’heure où ce qui constituait la principale richesse de ce concours, la rencontre avec un témoin, devient plus difficile du fait de la fatigue des uns ou de la disparition des autres, il est primordial que perdure ce partenariat associations du monde combattant et enseignants institutionnalisé par la convention APHG - ONAC dont je vous ai vanté tous les mérites. C’est ce partenariat qui doit nous permettre de convaincre les jeunes enseignants qui arrivent en Vendée d’adhérer au concours afin de le pérenniser et de conserver notre position exemplaire.
Enfin, à l’image de ce que nous réalisons pour la mémoire et l’histoire de la seconde guerre mondiale, il reste à envisager des collaborations avec le monde combattant des autres conflits contemporains. Le chantier est donc ouvert.
Je vous remercie pour votre attention.
Martine Trémège,
Représentante de la Régionale des Pays de Loire de l’APHG au conseil de l’ONAC 85