Ce que nous avons appris du Ministère! par Brunot BENOIT, président de l' APHG
L’actualité depuis décembre 2010 est riche d’hommes et de femmes qui de l’autre côté de la Méditerranée se sont mobilisés et ont remis l’Histoire en marche dans des pays où celle-ci était immobile. Au travers de leur démarche, une nouvelle géopolitique régionale est en train de prendre forme. Á l’autre bout du monde, un tsunami suivi d’une catastrophe nucléaire est là pour nous rappeler que le Japon a un territoire original qui lui a valu aussi une histoire particulière. Tous ces événements appellent de la part des élèves des explications et des mises en perspective que nous, les professeurs d’Histoire et de Géographie, sommes à même de leur donner, à condition que l’on garde des horaires décents, des programmes cohérents et faisables, des enseignements à tous les niveaux.
C’est pour cette raison que j’intitule mon premier éditorial « Mobilisons nous ». Cette injonction veut indiquer le chemin qui doit être le nôtre dans les trimestres à venir. Il n’y a pas de situation sans retour, les reculs que nous enregistrons en Terminale S ne sont pas définitifs, mais ils risquent de durer après les deux
entrevues d’une heure et demie chacune des 4 et 12 avril 2011 que le bureau de l’APHG (Jacques Portes, Hubert Tison, Béatrice Louapre-Sapir et moi-même) a eues au Ministère avec le Directeur général de la DESC01 et le conseiller du Ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la vie associative.
Nous avons appris
Je mets en exergue ce que nous avons appris des propos du Ministère sur le fait que la réforme entreprise des lycées était un choix assumé et que seul le local a les armes pour rétablir l’égalité républicaine. Je pense que tout ce qui suit découle de ces deux affirmations.
• Que le bac de Français est en classe de Première et ce n’est pas pour cela que cette matière est dévalorisée, on peut même dire que cela lui a redonné une véritable
place (laquelle ?). Qui plus est, les professeurs de français ne se plaignent pas de leur disparition, sauf en L, en classe de terminale. De plus, il nous a été rappelé que cette suppression a pour vocation de sauver la filière L en la rendant attractive et en réservant la filière S aux vrais scientifiques. Alors pourquoi nous les historiens et géographes faisons tant d’histoire !
• Que les élèves de S n’ont pas perdu d’heure puisqu’ils ont le même nombre d’heures en 1e que leurs camarades de TL et ES. Nos calculs montrent qu’ils auront une heure de cours en moins avec la suppression de l’obligation en Terminale S.
• Que l’ouverture d’une classe pour les élèves de terminale S qui choisiront l’option histoire et géographie dépend du recteur et du chef d’établissement. Les élèves pourront être regroupés dans un établissement du secteur. Face à notre détermination pour que cette ouverture soit systématique, la réponse est que le Ministère ne peut pas tout réglementer !
• Que le coefficient multiplicateur pour les points audessus
de la moyenne pour les candidats qui auront pris en premier choix l’option d’Histoire Géographie de TS ne serait pas triplé - sauf pour le latin et le grec qui échappent à ce couperet faiblement coefficienté -comme nous le demandions. Sinon il y aurait « escalade »
de la part des autres matières. Devant notre insistance pour valoriser cette option, la réponse est que les professeurs dans les classes de Première n’ont qu’à se montrer
persuasifs et attractifs pour inciter les élèves de la future TS à choisir cette option !
• Que la question de l’enseignement de la Ve République après 1962, l’APHG se lançant dans de longs et vibrants plaidoyers en mettant en avant la citoyenneté et l’ignorance des futurs scientifiques quant à leur propre république, a semblé faire vaciller leur certitude, mais la réponse est en attente.Merci à toutes les régionales et collègues qui ont envoyé des commentaires nourris et des propositions que l’APHG a fait passer à la DESCO et à l’Inspection générale.
• Que l’enseignement de l’ECJS que nous avons réclamé pour les professeurs d’Histoire et de Géographie en seconde, première et terminale, non pas pour défendre
un pré carré de nos matières, mais parce que le programme concerne tout particulièrement ce que nous savons enseigner devrait nous être attribués en priorité. Sur ce point, le Ministère a botté en touche en disant que cette décision est du ressort du local.
• Que l’enseignement des arts en classe de Troisième évalué au DNB dépend d’une organisation locale et propre à chaque établissement. Qu’une demi-journée banalisée a été mise en place, ce qui doit être vérifié sur le terrain, merci de nous le dire. Le Ministère nous a dit que l’évaluation a concerné l’année dernière 25% des établissements. Quand Béatrice Louapre-Sapir a évoqué la question de la rémunération de cette évaluation, il lui a été répondu qu’il n’y a qu’en France que l’on demande à être payé dès qu’il y a quelque chose de nouveau qui est demandé !
• Que le Ministère, dans une perspective de concurrence mondialisée et de qualité de la recherche, pense que le regroupement autour de pôles universitaires attractifs, car spécialisés, est le schéma qu’il appelle de ses voeux. À la question des étudiants qui seront amenés à s’éloigner fortement de leur territoire familial, la réponse est : l’État construit des logements étudiants !
• Que les jeunes diplômés (Capes, Agrégations, ces deux concours restant découplés) seront mieux formés à la rentrée 2011, car ils ont reçu une formation et suivi des stages cette année en M2. De plus, tout est fait pour qu’un jeune diplômé ne soit affecté que dans un établissement. Le discours du président de la République au Grand Palais quant à une meilleure formation des professeurs est donc entré en application !
• Que la réforme actuelle répond à la vision prophétique sur l’enseignement que le général De Gaulle annonçait dans ses Mémoires3, c’est ce que nous avons entendu !
Cette réforme demande une période de transition pour être bien comprise, car nous les enseignants, pas seulement d’Histoire et Géographie (ou peut-être plus que les autres
par notre capacité à avoir ce recul chronologique analytique et cette vision planétaire comparative), nous sommes classables en trois catégories : les pionniers- ceux qui ont
compris le sens de la réforme et de toutes les réformes -, les souffrants – qui sont-ils ? une majorité qui vit mal son quotidien de professeur ? - et les résistants, ceux qui refusent toute réforme, des archaïques et des conservateurs. Je vous laisse maître du choix de la catégorie dans laquelle vous vous situez !
• Que la formation que l’APHG assure dans de nombreuses académies, et qu’elle est souvent la seule à assurer, ne sera pas doublée par des formations officielles, mais nous avons entendu que les recteurs peuvent nous aider à trouver des salles gratuites pour nos journées de formation, à bon entendeur, salut !